vendredi 26 août 2011, par Lauranne Meunier
C’est, pour beaucoup, le Graal en matière de système éducatif. Qui accueille régulièrement nombre de délégations étrangères venues observer les « recettes » qui l’ont placé au sommet de la réussite scolaire évaluée depuis 2000 par les tests Pisa de l’OCDE. Après, entre autres, la socialiste Ségolène Royal, ou encore son prédécesseur, Xavier Darcos, en visite en novembre 2007 pour travailler -déjà -sur les rythmes scolaires, c’est aussi en Finlande que le ministre de l’Education nationale, Luc Chatel, a décidé de se rendre, à l’approche de la rentrée, hier et avant-hier. Au programme, une rencontre avec son homologue finlandais, Jukka Gustafsson, puis des échanges avec des responsables d’un système « assez décentralisé », avait insisté le ministère avant sa visite, alors qu’en France, tout en restant très centralisé, il est en train de réorganiser en profondeur les services académiques autour des recteurs. Luc Chatel a également visité des « écoles fondamentales », issues de profondes réformes lancées dans les années 1970. Ecole unique, l’école fondamentale finlandaise accueille tous les enfants en âge de suivre la scolarité obligatoire, de sept à seize ans, sans redoublement ni classe de niveau, avec des rythmes d’apprentissage différents selon les âges, des cours en petits groupes très fréquents, et pas seulement pour les élèves en difficulté, etc. « Il y a un certain nombre de recettes, que j’ai vu fonctionner ici, qui sont transposables, a déclaré Luc Chatel à Helsinki. C’est utile, parce que nous n’avons pas de très bons résultats, de s’inspirer des bonnes recettes », a-t-il ajouté, alors que la France est une élève très moyenne de Pisa, contrairement à la Finlande. Même si les deux pays ne sont guère comparables, la Finlande comptant 5,3 millions d’habitants et -relève l’OCDE -un taux d’immigration très faible. Luc Chatel a notamment souligné « la grande autonomie donnée aux établissements », « le continuum entre le collège et l’école, qui permet d’avoir un enseignement progressif », « la personnalisation de l’enseignement [qui] prépare aux difficultés très en avance et on y remédie immédiatement ». Il a aussi trouvé « très intéressante l’adaptation des rôles et des missions des enseignants à un système d’éducation moderne », ces missions n’englobant pas « uniquement l’instruction, mais aussi le soutien scolaire et le travail en équipe pédagogique ». Vers plus d’autonomie
Autant de thèmes que le ministère développe petit à petit et qui seront encore au coeur de la rentrée. Via, par exemple, les deux heures d’aide personnalisée pour les élèves en difficulté à l’école élémentaire de la réforme de Xavier Darcos. Ou encore, la réforme du lycée, qui donne une certaine autonomie aux établissements pour la répartition d’une partie de leurs heures de cours et prévoit deux heures hebdomadaires d’accompagnement personnalisé. Les expérimentations vers plus d’autonomie vont aussi prendre en septembre une autre ampleur avec le dispositif Eclair, qui fait grincer bien des dents, notamment chez les syndicats et à gauche, où l’on dénonce la fin de l’éducation prioritaire. Il permet notamment, dans plus de 200 collèges et lycées et plus de 1.700 écoles « difficiles », de recruter des enseignants volontaires, le chef d’établissement ayant voix au chapitre. C’était aussi l’occasion pour Luc Chatel de remettre en avant des thèmes qui risquent de compter pour la présidentielle de 2012. Lors de ses voeux, en janvier, Nicolas Sarkozy avait lancé, au sujet de l’autonomie : « Si cela marche pour les universités, cela doit marcher aussi pour nos établissements, les lycées. » En juin dernier, tout en annonçant le gel des fermetures de classes primaires pour 2012, le chef de l’Etat avait aussi mis l’accent sur la « personnalisation des parcours », et posé -un débat récurrent -la question de la mission des enseignants comme celle du collège unique. Peut-être à rebours, là, de l’école unique finlandaise.
ISABELLE FICEK, Les Echos